La Femme qui tremble – Une histoire de mes nerfs, Siri Hustvedt, Actes Sud, 2013

Ce livre est au carrefour de mes intérêts : la littérature, la psychanalyse, la psychothérapie, les neurosciences dans leurs différentes approches de l’humain. Le livre se lit comme un roman, car il raconte l’exploration que fait Siri Hustvedt de sa maladie, autant auprès des professionnels du monde médical que dans la littérature scientifique et philosophique et surtout dans son vécu quotidien d’écrivaine, de conférencière, et d’animatrice d’ateliers d’écriture. Il se lit aussi d’une traite – il n’y a pas de chapitres – comme le flux de conscience  de James Joyce. Siri Hustvedt fait dialoguer différentes approches de l’humain qui habituellement fonctionnent en silo. Elle interroge la frontière que nous sommes habitués historiquement à faire entre le corps et l’esprit, en explorant les ponts et liens, les zones obscures. En passant par son introspection et la mise en mots du vécu de sa maladie, elle nous fait expérimenter de ce que c’est que d’être, ce dont on est conscient, ce dont on n’est pas conscient, ce qui reste en mémoire, ce qu’on a oublié. En se racontant, elle nous fait vivre le mystère de ce que c’est que de dire « je ».